Article publié le 4 février 2018
- Bonjour Ludo, peux-tu te présenter en quelques mots ainsi que ton histoire?
Bonjour, j’ai 39 ans, je suis Corse et ancien infirmier militaire. Je me suis engagé dans l’armée en 2000 dans les pompiers de Paris et j’ai quitté en 2013 après avoir développé un stress post traumatique suite à mes nombreuses missions en Afghanistan avec les troupes de montagne. Après cela s’en est suivie une longue descente aux enfers. En 2017, je touche le fond et je décide de me reprendre en main afin de me reconstruire : une seule solution pour moi, ça passera par le sport et plus précisément le triathlon.
- Tu as créé une association pour promouvoir la réinsertion par le sport. Peux-tu nous la présenter ainsi que son projet ?
Le sport et les valeurs qu’il véhicule sont pour moi l’ossature de mon projet. Cette association, qu’on a appelée Band of Brothers, représente la fraternité, l’entraide, le gout de l’effort et l’abnégation. Des valeurs nécessaires à la reconstruction telle que je me la représente. Le but est de partager ces valeurs avec des personnes qui doutent, qui sont blessées dans leur chair ou dans leur psychisme afin de les aider à reprendre le dessus. Je reçois beaucoup de retours positifs pour ma démarche et cela m’encourage à continuer
- Quel est le programme de ta saison et comment l’appréhendes-tu ?
La préparation de ma saison 2018 a commencé en Juillet 2017 par une adaptation au sport (j’avais arrêté totalement le sport pendant 4 ans et pris 30kg). Je débuterai par l’Half Ironman Pays d’Aix en Mai puis l’Ironman de Nice le 24 Juin et celui de Vichy le 26 Aout (date de l’anniversaire de mon fils qui correspondra à l’achèvement de mon projet).
Je suis excité, impatient mais en même temps stressé par ce grand inconnu qui m’attend (j’ai débuté le triathlon en 2017). Je suis entouré et encouragé jour après jour durant ma préparation et cela me porte. Je ne veux pas décevoir les personnes qui me supportent mais surtout ne pas abandonner ce projet si important à mes yeux.
- Beaucoup de personnes t’accompagnent dans ce projet. Peux-tu nous expliquer comment ils t’aident ?
J’ai été surpris par l’ampleur que prend ce projet. Tout d’abord, il y a eu mon premier soutien, celui sans qui je n’aurais jamais commencé cette aventure, Laurent, mon coach qui se joint à d’autres camarades qui courront avec moi, de tout bord et avec chacun leur histoire (Tony, Flo, José et Jeremy)
Il y a eu la rencontre avec Sandrine, veuve de guerre et fondatrice avec son ami Céline de l’association THE WOLVES, pour qui je cours et porte les couleurs. Je ne voulais pas médiatiser ce projet pour moi mais surtout pour mettre en avant ces gens qui ont tout donné, qui souffrent mais qui continuent d’avancer malgré les difficultés quotidiennes.
Et puis j’ai connu Florence, présidente de l’ANFEM, qui finance ce défi et m’accompagne par son incroyable énergie jour après jour. A ce propos, dans ma carrière militaire, je n’aurais pas pu accomplir mes missions sans le soutien total et inconditionnel de ma compagne qui me permettait d’être à 100% dans mes missions. La boucle était bouclée, l’histoire se reproduisait pour me donner, encore une fois, l’opportunité d’atteindre l’objectif que je m’étais fixé.
Puis est arrivé Regis, qui s’occupe du développement de mon projet et de la recherche des partenaires. Il m’a présenté une autre femme forte, Loriana, de la société BV Sport, partenaire privilégié de Band of Brothers, qui m’apporte les bienfaits techniques de la marque.
Enko également avec ces chaussures de running et la technologie d’amortie qui me permet d’enchainer les entrainements.
Pierre-Eugène qui est mon kiné et me répare dès que la fatigue se fait sentir et le dernier mais pas le moindre, le parrain de mon défi, Aurélien Raphaël triathlète professionnel et militaire.
- Comment ta pratique s’intègre dans ta vie de tous les jours ?
S’entrainer plus de 15 heures par semaine, travailler et s’occuper de sa vie de famille nécessite une organisation millimétrée. Tous les mois, je reçois mon plan d’entrainement que m’a préparé Laurent. A partir de là, je m’imprègne des objectifs définis, je réfléchis au moyen d’optimiser mon emploi du temps. Je planifie mes séances, les trajets (la première piscine est à 45min de voiture), les journées d’hiver qui raccourcissent ne m’aident pas non plus mais je fais de mon mieux pour être le plus assidu en préparant à l’avance mes sacs d’entrainement, la nutrition et l’hydratation.
- Quel est le sentiment général que tu ressens à faire ce sport ?
Au départ, le triathlon me paraissait inaccessible : nager, puis rouler et enfin courir était un mélange complexe de disciplines très éloignées. Je me suis lancé, et c’était dans la douleur (mon premier triathlon était un cross triathlon M que j’ai bouclé en 6h06…). Mais j’y ai pris goût, et je me suis lancé à 100% dans ce sport. Ce sport représente pour moi l’aventure, la découverte de ses propres limites, le pouvoir de la volonté, des valeurs de développement durable, de respect de l’environnement et de l’effort que chacun fait pour accomplir ses courses.
De manière générale, l’image d’un esprit sain dans un corps sain.
Alors, j’ai décidé de m’y mettre pour me reconstruire à travers ces valeurs saines dans des courses longues et éprouvantes pour le corps mais surtout pour le mental (qui est la partie la plus complexe à réparer quand elle est touchée).
- La Fédération de Demain vient de naître. Quelle est ton opinion sur cette association et sa philosophie ?
L’objectif d’accompagnement de la fédération de demain est une évolution positive car axée sur les besoins des licenciés, clubs et organisateurs. Le sentiment d’unicité et l’accompagnement au travers un réel partenariat concret me plait fortement. La centralisation y est absente et un véritable échange peut se mettre en place, peu importe les objectifs. Je me retrouve complètement dans cette façon de voir les choses.