Article publié le 14 septembre 2017
Bonjour Christelle, peux tu te présenter en quelques lignes
Christelle OLIVE-MARCHESI, 44 ans, mariée, maman de trois beaux enfants, dunkerquoise de naissance et angevine d’adoption. Baignée dans l’associatif depuis mon enfance, par l’éducation (merci papa, merci maman !) et par un certain naturel à tendre la main vers les autres ! J’ai découvert la section triathlon de l’ASPTT Angers en 2008, via mon mari et un ami qui voulaient s’essayer au triple effort. Le club organisait cet été là son 1er triathlon d’Angers, avec l’aide de la Ligue … je me suis proposée pour donner un p’tit coup de main … le temps passe bien vite car j’y suis toujours,10 ans après, avec un investissement accru autour de cette organisation, au sein du comité de section en tant que secrétaire, au sein du Comité départemental et de la Ligue via ma chasuble d’arbitre régionale. Le p’tit coup de main s’est transformé en grands coups de bras ! Vive le chocolat !
Ton implication dans le développement du triathlon est importante et multiple. Peux-tu nous faire partager ce que tu as mis en place pour le développement de la pratique féminine au sein de ton Club ET du CDT49,
Notre discipline s’est bien développée, bien popularisée depuis ces dix dernières années : l’image de l’homme de fer ne semble plus aussi inaccessible. La « femme de fer » commence à percer mais il y a encore beaucoup d’hésitations, de doutes et de craintes à franchir le pas. Au sein du Club, notre objectif était de casser cette barrière (celle du triathlon en général, pas de l’ironman, chaque chose en son temps !) : depuis quatre ans, on propose ainsi des « Journées Bleuettes », du surnom données aux féminines de notre section. Principe officiel : désacraliser l’enchaînement des trois disciplines en enchaînant sur une journée entière des séances sportives (natation, vélo, marche nordique, aviron, crossfit) et des ateliers santé (diététique, hypnose, shiatsu, gestes premiers secours ..), en bouclant le tout par une soirée conviviale, resto-bowling ou resto-laser game. Principe officieux : créer une osmose entre les féminines, quelque soit leur adhésion (loisir ou compétition) et leur âge, leur permettre de mieux se connaître qu’entre deux lignes d’eau et créer ce lien qui leur permettra de se motiver à s’inscrire dans une équipe-relais … puis, soutien collectif aidant, s’inscrire sur une épreuve en individuel, en format XS et pourquoi pas un S ensuite, puis un M, voire intégrer l’équipe Duathlon D2 ou triathlon D3 ! Plus on est de folles, plus on s’amuse : le bien-être et la bonne humeur dégagée par le collectif Bleuettes sur les différentes épreuves font plaisir à voir. Sur les 53 féminines présentes, 8 n’ont pas renouvelé cette année, en s’en excusant presque ! Encourageant. Une dynamique que l’on va élargir cette saison en proposant des thématiques de journée … ouvertes également aux hommes loisir dans un 1er temps. Un peu de mixité !
Tu as accompagné les équipes D2/D3 de ton Club sur de nombreux sélectifs ET étapes. Où puises-tu cette motivation ? Quel est ton rôle ?
La section a fait son plongeon dans les Grandes Epreuves en 2010 .. par le biais des féminines ! On nous a pris pour des folles ! Pas le niveau, pas l’envergure, certes. Et alors ? La pôle position, ce n’est pas une fin en soi, en tous cas, pas dans ma philosophie, surtout si la notion de plaisir est complétement obscurcie. Cette première participation était basée sur une envie commune de découvrir cette autre facette de la compétition : je nage, je pédale et je cours pour moi, pour le plaisir de faire du triathlon évidemment, mais avec cette motivation supplémentaire qui augmente les sensations … l’équipe. Bon an mal an, les filles ont poursuivi leur chemin, s’enhardissant vers le duathlon, suivies par leurs homologues hommes du club. Elles ont même goûté à la D1 Duathlon, une expérience intéressante mais sans forcément de plaisir à la clé, pendant que les gars devenaient champions de France D3 duathlon, eux aussi boostés par cet esprit Bleu, cet esprit collectif. C’est cette même motivation du collectif qui me guide encore aujourd’hui, non plus en tant que compétitrice mais accompagnatrice. Construire l’équipe, la faire vivre, lui présenter de nouveaux membres pour éviter cette image de cercle fermé, la faire grandir, lui permettre de s’épanouir dans le sport en lui enlevant tous les aspects organisationnels : réserver les hôtels, conduire le mini-bus, inscrire les équipes, communiquer les infos sur l’épreuve, assister aux exposés de course, tenir la bouteille d’eau dans la zone d’appel, récupérer les affaires avant le départ, prendre des photos, envoyer des SMS aux familles et camarades absents, encourager, communiquer sur nos réseaux (histoire de compenser le grand vide en la matière de notre fédération, côté D2/D3 et duathlon en tous cas !) … Bref, une vraie maman !! Qui trouve son plaisir dans ce bel esprit d’équipe.
On peut te rencontrer sur de très nombreux triathlons avec ton smartphone en main. Que représente pour toi la communication ?
Incontournable ! Et pas forcément pour mettre en avant l’image du club ou de notre discipline, jeune et encore trop peu médiatisée. C’est avant tout le triathlète qu’il faut éclairer : celui ou celle qui arrive premier, au milieu du paquet ou bon dernier, mais toujours sourire aux lèvres, fier d’avoir puisé dans ses réserves pour franchir cette ligne d’arrivée tant convoitée, qu’il y ait chrono ou pas; celui ou celle qui s’entraîne comme il peut, selon son temps et ses capacités physiques; celui ou celle qui est le roi/la reine aux yeux de ses proches; celui ou celle qui se lance dans de folles aventures, avec un degré de folie qui n’appartient qu’à lui, qu’à elle (pour les uns, ce sera un premier XS à Feneu, le M de St Jean de Monts, pour les autres ce sera l’Embrunman). Si tu ne braques par ton smartphone sur ces héros là, complètement inconnus du grand public et de la Fédé, tu ne peux pas parler vraiment de triathlon. Ce sont eux qui font grossir nos clubs, nos Ligues et la Fédération depuis plusieurs années. Ce sont eux le moteur d’un club et de la dynamique qu’il dégage. Les têtes d’affiche, c’est important : ce sont elles qui passent dans la presse. Mais comme je le dis souvent, si tu ne prends pas soin de ta base, de ton socle bien solide, ta pyramide va vite s’écrouler.
Tu as aussi une casquette d’organisatrice. Le triathlon d’Angers est une manifestation importante avec des épreuves Open ET des épreuves Nationales. Peux tu nous faire partager ton expérience de l’accueil des ces dernières ?
Dès 2008, le Triathlon d’Angers était support d’une 1/2 finale D3. On naviguait un peu à l’aveugle à cette époque, mais on s’en est bien sorti ! Pour preuve les sollicitations de la Fédération quasi systématiques depuis 10 ans. Même s’il est vrai qu’il n’y pas pléthore d’organisations candidates à l’accueil de Grandes Epreuves et c’est là un sujet sur lequel nos élus devront se pencher à l’avenir : coût élevé ? cahier des charges trop lourd ? peu de soutien marketing en amont ? des dysfonctionnements administratifs pénalisant en terme d’énergie et de temps ? Manque de communication sur la D2/D3 Tri et sur le duathlon en général ? Je mets des points d’interrogation, mais des points d’exclamation ne pourraient-ils pas convenir ?! Côté angevin, on ne fait pas de distinguo entre les équipes nationales reçues le samedi et les open reçues le dimanche. Un athlète est un athlète, et quel que soit son nom, son niveau de performance, on se doit de l’accueillir avec le même sérieux, le même plaisir et des prestations de qualité identiques (chronométrage par exemple). Et le même sourire ! On ne sollicitera pas de Grandes Epreuves en 2018 en raison d’un changement dans nos parcours : on se repositionnera (peut-être !) quand on aura l’assurance d’un circuit de qualité, sans se mettre de pression. N’oublions pas que nos bénévoles de l’organisation passent beaucoup de temps sur la préparation en amont : le positionnement des parcours sera déjà une source de stress, n’en rajoutons pas une couche avec l’accueil d’une épreuve nationale. On saluera les arbitres nationaux et les délégués techniques, avec lesquels la collaboration a toujours été efficace et cordiale, sur les épreuves retenues la saison prochaine.
En mars dernier tu as représenté les Clubs, les Organisateurs ET les licenciés individuels de ta Ligue à l’AG fédérale. Tu y retourneras fin octobre pour une AG Extraordinaire. Que cela représente-t-il pour toi ?
Ce fut un honneur que de porter la confiance des clubs de ma Ligue sur ce rendez-vous parisien. Autant la première fois j’y suis allée avec plein d’élan et de curiosité, autant ce déplacement d’octobre me laisse plus perplexe. Je côtoie le monde du triathlon depuis 10 ans, allant dans le Nord, dans le Sud, l’Est et connaissant beaucoup des épreuves organisées dans l’Ouest. J’y croise à chaque fois des gens passionnés, avenants et plein d’entrain, malgré les responsabilités qui pèsent de plus en plus sur les épaules des organisateurs. Je n’ai pas retrouvé ses sensations lors de l’AG de mars : le cercle est beaucoup trop refermé sur lui-même, semblant quelque peu éloigné des réalités de terrain. Il faut montrer patte blanche pour y accéder. Bref, beaucoup trop politisé à mon goût. Vive le travail de proximité au sein des clubs et des plus petites instances … qui font, ne l’oublions pas, la base de cette jolie pyramide du triple effort.
Souhaites-tu nous parler d’un autre point qui pour toi est fondamental dans ton engagement associatif ?
L’envie. Que ce soit dans le sport, dans le mouvement associatif et de manière générale, dans la vie de tous les jours, si l’envie est là, tu ne peux qu’avancer. Et si en plus, comme au sein de ce club que je chéris depuis plus de 10 ans, tu peux t’appuyer sur une équipe de bénévoles et de sportifs passionnés, volontaires et prévenants, tu fais encore trois fois plus de choses pour avancer ! L’envie et l’équipe, deux maîtres-mots du triathlon au sein de l’ASPTT Angers : et tant qu’ils seront présents, je serai présente pour continuer d’apporter ma pierre à l’édifice. Un bien bel édifice bleu.
Un grand merci Christelle pour cette ITW de grande qualité avec beaucoup de sincérité. La Fédération de Demain s’inscrit parfaitement dans cette philosophie. Très bonne continuation à l’ASPTT Angers Triathlon, à toi et toute ton équipe !