Cette première chronique VERSUS a un seul objectif : engager une réflexion citoyenne sur la place de chacun.

Aborder les choses sous un autre angle, entreprendre un changement de paradigme, changer d’état d’esprit, autant d’éléments qui ne tiennent qu’à une seule chose : sa perception du monde et les croyances associées.

Une croyance est une perception des choses qui nous semblent absolument vraies, à un instant donné, en fonction des éléments dont on dispose. Toutes nos croyances sont donc amenées à évoluer puisque notre environnement évolue. Même la science est soumise à ses propres croyances. Ce qui est vrai un jour peut s’avérer inexact le lendemain.

Beaucoup de nos croyances nous permettent de vivre dans un certain confort et de se sentir rassurés. Dès lors, comment faire la part des choses entre les croyances qui nous servent de socle et celles, induites par notre environnement, qui nous empêchent d’avancer.

 

« Chacun à sa place »

« Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées » qui signifie que si chacun se mêlait uniquement de ce qu’il connaît parfaitement, tout irait pour le mieux (expression originelle avec « son métier » au lieu de « à sa place »),

On ne peut pas vraiment donner tort à cette réflexion … et pourtant, qu’est ce que cela sous entend ?

Cela signifie « qu’on s’autorise à penser dans les milieux autorisés » comme ironisait Coluche. On a le droit de donner son avis que si l’on est amené à donner son avis. Dans une entreprise, cela peut s’entendre, mais dans une démocratie ?

Ceux qui maitrisent l’art de la rhétorique ont bien compris que l’écoute de l’autre n’est pas la chose la plus importante, le socle de base est de flatter l’affect et faire en sorte que la personne se sente écouté. A l’heure de l’horizontalité de l’information, cela ne suffit plus.

Faire valoir son « droit de comprendre » est le premier acte citoyen. S’attacher à des faits devient donc essentiel puisque la langue de bois ne fonctionne plus. Le « chacun à sa place » perd sa légitimité face à la l’incapacité d’expliquer les choix effectués.

 

« Chacun a sa place »

On sort du circonstanciel pour entrer dans le champ de l’action. Une vision beaucoup plus ouverte du « vivre ensemble » est proposée. Elle permet à chaque individu de considérer qu’il existe dans le débat, quelle que soit sa place. Les conventions volent en éclat, on ouvre le champ des possibles.

Considérer que l’on a sa propre place devient un acte citoyen fort. L’expression est une forme certaine d’action. Si chacun amorce une réflexion sur un point qui l’intéresse, il se met en mouvement. Cela demande des efforts dans un premier temps mais c’est faire fi de l’énergie que nous tirons de ce qui nous procure du plaisir. En neurosciences, il est démontré que le plaisir est une source incommensurable d’énergie.

Dès lors, l’objectif est de développer sa curiosité, seul véritable entraînement citoyen.

Très rapidement, on entre dans la réflexion légitime du « pourquoi ». La notion de sens devient omniprésente. Les habitudes sont mises en défaut et le confort du système est perturbé. En effet, le diagnostic de départ est remis en question, le changement de paradigme est en route.

 

Chacun à sa place VS chacun a sa place ?

Un seul accent et un sens d’expression change du tout au tout. Le pouvoir des mots est d’une force incommensurable. La vigilance est donc de mise pour conserver sa liberté de penser.

Accepter que chaque personne ait sa place, en fonction de ses envies et de ses compétences devient une forme de sagesse.

Accepter que tout ce que l’on a fait peut être remis en question est une forme de tolérance envers soi même. Il ne s’agit pas de s’être trompé, seulement de considérer que c’était un passage nécessaire pour arriver à la situation présente.

D’une certaine façon, on vient prendre le droit le plus important que chaque citoyen possède, celui de s’exprimer et d’exprimer sa liberté au travers sa différence.

Prendre sa place est un peu à l’image du sport. On dit souvent que le sport est une école de la vie. Certains résultats sont atteints individuellement, d’autres collectivement, mais toujours dans la volonté de s’améliorer. La citoyenneté suit le même schéma.

 

En espérant que cela puisse faire réfléchir sur la véritable place de chacun.

 

Leave a Reply